mardi 25 février 2014

Le théâtre de Sparte



Le théâtre est un des rares points assurés de la topographie de Sparte. Le site en a été reconnu dès le XVIIIe s. par les voyageurs occidentaux visitant le site. Après une première série de sondages ponctuels opérés dans le cadre de l’exploration de l’acropole (cf. G. Dickins, Annual of the British School at Athens [ci-après ABSA], 12, 1905-1906, p. 394-406 ; Ch. Waldstein avait déjà ouvert une tranchée dans la cavea en 1892 : Journal of Hellenic Studies, 13, 1892-1893, p. 146), des fouilles y ont été menées à grande échelle entre 1924 et 1928 dans le but d’en préciser le plan et la chronologie (A.M. Woodward, ABSA, 26, 1923-1925, p. 119-158 ; ABSA, 27, 1925-1926, p. 175-209 ; ABSA, 28, 1926-1927, p. 3-36 ; ABSA, 30, 1928-1930, p. 151-240), puis à nouveau de 1992 à 1998, en vue de donner une publication complète de l’édifice (cf. ABSA, 94, 1999, p. 437 n. 1). Trois rapports détaillés ont dressé le bilan de ces nouvelles recherches (G.B. Waywell & a., ABSA, 90, 1995, p. 435-460 ; G.B. Waywell & J.J. Wilkes, ABSA, 94, 1999, p. 437-455, pl. 46-61 ; G.B. Waywell, J.J. Wilkes & S.E.C. Walker, « The Ancient Theatre at Sparta », dans Sparta in Laconia, p. 97-111).

Le théâtre de Sparte avec, en arrière plan, la ville moderne et le massif du Taygète (Photo O. Gengler, mai 2012)

L'orchestra du théâtre et les premiers rangs de gradins, en partie dégagés lors des fouilles (Photo O. Gengler, mai 2012)

Sans préjuger de la présence d’un théâtre plus ancien sur le même site, les archéologues ont pu fixer la date de construction des structures actuellement visibles dans les dernières décennies du Ier siècle avant J.-C. et ont proposé de l’attribuer à un acte d'évergétisme - c'est-à-dire de bienfaisance - du potentat local C. Iulius Euryclès. Dans son premier état, le théâtre comprenait un dispositif permettant de déployer des décors amovibles tel que le décrit Servius (commentaire à Virgile, Géorgiques, III, 24) ; ce dispositif aurait été abandonné à l’époque de Néron, et remplacé par un bâtiment de scène monumental.
Selon Lucien, Anacharsis, 38, le théâtre voyait s’affronter, dans un jeu de balle, des groupes de jeunes Spartiates dans lesquels il faut reconnaître les sphaireis qui, selon Pausanias, faisaient un sacrifice à Héraclès sur le Dromos, un champs d'entraînement sans doute tout proche (cf. Pausanias, III, 14, 6). Peut-être Lycurgue, le légendaire législateur de Sparte, qui avait sa statue au théâtre (du moins au IVe s. ap. J.-C. : cf. SEG, XI, 773 et 810), patronnait-il également ces jeux, tout comme il patronnait avec Héraclès les concours de lutte du Platanistas, sorte de ring entouré d'eau et de platanes où combattaient les éphèbes (cf. 14, 8 avec N.M. Kennell, The Gymnasium of Virtue, p. 62).
Le théâtre où, selon Hérodote, VI, 67 et Plutarque, Agésilas, 29, 3, se déroulaient les Gymnopédies, célèbre festival organisé en l'honneur d'Apollon, devait être une structure légère, sans doute installée sur l’agora, à l’endroit que Pausanias appelle Choros, le "Choeur" (III, 11, 9).

Outre la bibliographie citée dans le texte, on peut lire une intéressante présentation du théâtre de Sparte sur la page du Musée de Mayence.
Pour en savoir plus sur Pausanias, voir le début de ce post.

Ce contenu reprend de manière adaptée la matière de mon commentaire au texte de Pausanias à paraître aux éditions des Belles Lettres: Pausanias, Description de la Grèce, III : La Laconie, texte établi par M. Casevitz, introduction, traduction et commentaire par O. Gengler, Paris, Les Belles Lettres, sous presse (Collection des Universités de France).

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